Que se passe-t-il donc en Angleterre au niveau des services sociaux de
protection de l’enfance ?
Par : stefan.bastin@gmail.com
– Octobre 2013.
La situation anglaise n’est en rien comparable avec le
fonctionnement dans les services sociaux belges francophones ou avec un certain
nombre d’autres pays d’Europe.
Les services sociaux anglais sont bien-sur
fonctionnels et compétents. Mais, ils posent aussi question.
Nous allons tenter de cerner par quelques exemples et
quelques points le dysfonctionnement.
Nous nous référerons notamment aux articles et 3 reportages
de Florence Bellone sur la RTBF[1] à son témoignage écrit au
parlement anglais[2] ;
mais aussi à des sites officiels, des études et des articles de journaux
anglais et encore au seul reportage télévisuel que j’ai trouvé sur le sujet et
qui fut diffusé par canal plus[3].
Mise en question par l’exemple :
Vous avez un compagnon qui devient violent. Vous osez
finalement le quitter et passer la porte d’un service social du comté (le « county »
est un arrondissement administratif et judiciaire anglais). Au bout de la
procédure qui va se mettre en place, vos quatre enfants sont placés, pour
qu’ils ne subissent pas les effets de la violence. L ’argument invoqué : votre
instabilité affective, le service social n’est pas certain que vous ne
retournerez pas vivre avec votre ex-compagnon violent. Cette question se posera
même si vos enfants n’ont pas subi / ne subissent pas directement la violence
conjugale mais qu’ils en sont témoins ou qu’ils puissent en être témoins.
Finalement, rien ne vous aura été proposé concrètement.
A aucun moment, on ne vous aura proposé une action qui vous aurait permis de
vous sauvegarder, vous et les enfants, en tant que famille[4].
Autre exemple, vous avez été placée dans votre
jeunesse, vous avez un enfant, vous en attendez un deuxième. Votre situation
économique n’est pas des meilleures et vous demandez de l’aide. Sur base de ce
que n’avez pas eu une enfance familiale heureuse, on placera l’enfant que vous
avez et on vous prendra celui que vous attendez, juste après la première tétée,
dans la salle d’accouchement même. On le proposera à l’adoption, sans votre
consentement. Pour qu’il puisse vivre dans une bonne famille, vous ne le
reverrez jamais. Et s’il est adopté après un certain temps, que vous avez
choisi son prénom, vous ne pourrez plus le prononcer en public. Un ordre de
bâillonnement a été émis. Si vous le faites, vous risquez la prison[5].
Dans l’exemple ci-dessus, j’oubliais de préciser que
lorsque vous avez été placée, vos parents se sont battus pour vous récupérer,
qu’ils ont obtenu gain de cause et qu’ils ont même reçu un dédommagement
financier parce que le placement était abusif. Mais cela, on ne l’aura pas
mentionné pas dans votre dossier[6].
Le système anglais pro-adoption pose de tels problèmes
que le Gouvernement slovaque est finalement intervenu lui-même auprès des cours
et tribunaux pour récupérer des enfants slovaques « saisi » par le système
protectionnel britannique[7] [8].
Un rapport éclairé, d’un professeur d’université
anglaise a été remis aux instances européennes[9]. Le conseil de l’Europe a
adopté une résolution[10]. Cela n’a pas suffi pour
faire changer la politique gouvernementale britannique[11]. Et ce, malgré les inquiétudes
que peut avoir le président de la
High Court -section Famille-[12] [13](l’équivalent de la cours
de cassation ou du conseil d’état belge).
L’erreur logique de base : « Nous ne nous occupons pas des
familles mais des enfants ! »[14]
Cette expression d’un membre de l’administration
centrale est le point de départ de l’erreur anglaise qui veut croire qu’une
famille est responsable de sa situation.
Bon nombre d’études sociologiques montrent que la
situation d’une famille dépend de la situation économique du pays, de
l’éducation que les adultes ont reçue, de la santé physique et mentale de ses
membres et de bien d’autres facteurs.
En Belgique, nous pensons bien souvent qu’aider réellement
un enfant, c’est l’aider à vivre dans SA famille. Et si, effectivement, cette
famille dysfonctionne, la meilleure et la première façon d’aider l’enfant est
d’aider cette famille à fonctionner le plus sainement possible. Ce n’est pas le
choix anglais.
La vision anglaise se réduit à un raisonnement
simple que nous pourrions résumer ainsi: les familles sont responsables de
leur situation, si elles dysfonctionnent, elles sont responsables et doivent donc
être sanctionnées en tant que famille. Cette sanction doit assurer la sauvegarde
de l’enfant. Le meilleur moyen pour y arriver : le retrait de celui-ci.
(Voire de ceux-ci lorsqu’il y en a plusieurs et ce même si le problème de
départ ne se pose qu’avec un seul enfant).
Le placement est le principe dominant de l’aide à
l’enfance en péril Anglais. Le second principe est de prendre chaque enfant
individuellement. La fratrie sera souvent disloquée et les enfants placés dans
différents milieux d’accueil. L’idée de base, en divisant la fratrie, est que
chaque enfant a plus de chances de s’en sortir seul si il ne subit plus du tout
l’influence des autres.
Ces principes ne sont pas nommés tels quels dans des
documents officiels, mais ce sont des pratique que seule une enquête
statistique pourront relever. Hélas, nous n’avons pas trouvé d’étude sur ce
point.
[1]
http://lorenzonataliprize.eu/category/laureats/2011-2/prix-special-radio-2011-2/?lang=fr&lang=fr
[2]
http://www.publications.parliament.uk/pa/cm201213/cmselect/cmeduc/writev/1514/cp17.htm
[3] http://www.dailymotion.com/video/xwub9k_special-investigation-angleterre-le-royaume-des-enfants-perdus_news?search_algo=2
[5] Ensemble
de faits relevés dans une multitude de témoignages et reportages; et, compilés
en un seul ensemble. Chaque élément est réel, la compilation est fictionnel
mais donne une vue presque complète des problèmes du système anglais (voir
autres références).
[6] Fait
relevé directement dans un dossier médical et dans le témoignage d’une mère
fuyant l’Angleterre pour accoucher à l’étranger.
[8] Lors d’une discussion
informelle avec un parlementaire, j’ai relevé le fait qu’il fut même envisagé
très sérieusement de poursuivre la Grande-Bretagne pour crime contre
l’humanité. La piste fut abandonnée pour des raisons de diplomatiques.
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